Trois listes candidates aux élections municipales 2020 dans les communes de Calais et Marck nous ont répondues qu’elles ne souhaitaient pas s’engager sur le Pacte pour la Transition. Voici leurs réponses (par ordre de date de réception).
« Ensemble, Marck change ! » menée par Corinne Noël
Bonsoir et merci de votre mail,
Vous le savez, la liste de la majorité municipale “Ensemble, Marck change !” refuse toute investiture ou soutien d’un quelconque parti politique, étant une addition de citoyens engagés à droite, au centre, à gauche, de la majorité municipale, de l’opposition municipale, et surtout de citoyens qui n’ont jamais été engagées auparavant (90% de notre liste est non-cartée, dont la tête de liste).
Ce refus d’investiture ou soutien s’étend aussi aux associations ou collectifs. Nous ne pourrons donc signer, comme vous le proposez, votre pacte, tout comme nous ne signerons aucun pacte proposé par d’autres.
Cela ne veut pas dire que nous ne nous retrouvons pas dans certaines des propositions que vous évoquez, au contraire. De la même façon, nous appliquons déjà à Marck de nombreuses dispositions préconisées par l’association Anticor, sans pour autant adhérer ou signer avec eux un quelconque pacte ou engagement.
Cependant, nous serions ravis d’échanger avec les membres Marckois de votre collectif afin de répondre à vos questions sur notre projet pour l’environnement, mais également sur les nombreuses actions que nous avons déjà mis en place à Marck ces 6 dernières années.
Nous restons à votre disposition,
8 février 2020
Corinne NOEL et Pierre-Henri DUMONT
« Calais pour vous », menée par Marc de Fleurian
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Vous trouverez ci-joints nos engagements envers les Calaisiens (ndr : le tract Calais-Nature, ville verte et bleue, et une réponse à Nord Littoral sur le vélo, publiée le 21 février). Nous nous engageons directement auprès du peuple souverain via les documents écrits ci-joints et notre programme accessible ici : https://calaispourvous.fr/
Cordialement,
27 février 2020
Marc de Fleurian
« Lutte ouvrière – Faire entendre le camp des travailleurs » (Calais), menée par Françoise Millot
Chères et chers ami(e)s,
Je vous remercie de m’avoir adressé votre « guide pour la transition ». Il fourmille d’idées qui sont matières à réflexion.
J’adhère à la majorité des 32 propositions de votre travail. Mais je ne vois pas comment financer les projets avec des « financements éthiques » (prop 2), ni comment créer des monnaies locales (prop 32). En effet, les problématiques environnementales et citoyennes que vous soulevez nécessitent toutes des moyens importants. Mon avis, c’est qu’il est impossible de créer, à côté du système capitaliste, un secteur économique, et encore moins bancaire, qui pourrait être efficace et moral. A cet égard, les exemples que vous mettez en avant, ceux de Paris ou Lille, ne me semblent pas du tout pertinents : Paris est de plus en plus une ville où les travailleurs et même la classe moyenne n’a plus les moyens de vivre, et Lille suit cette route. Ces deux villes (comme toutes les autres grandes villes), deviennent de plus en plus interdites aux gens modestes, au point qu’ils sont rejetés toujours plus loin vers la périphérie, les condamnant à des trajets quotidiens d’une durée insupportable.
Concernant toutes les autres propositions, je les trouve intéressantes, ainsi que les moyens envisagés, basés sur la participation des habitants à tous les projets (toutes les propositions de la partie C sauf la 32), ainsi que la dimension sociale évoquée dans toute la partie B.
J’approuve les perspectives à long terme de votre guide, sous réserve que le chemin s’accomplisse sans qu’on impose les choses aux habitants, mais par la discussion et la concertation. Par exemple, la réduction de la consommation de viande, nécessite un débat. Il ne faut rien imposer, mais informer, toujours plus.
Je partage la dimension humaniste de vos problématiques : pas question en effet de créer des espaces où il fait bon vivre pour les uns, en laissant la misère, même « verte » pour les autres. De même, pas question de trier les humains : les migrants doivent être accueillis avec dignité et humanité.
J’adhère donc à une grande partie de vos perspectives. Mais ce que je mets en avant dans ma campagne, au niveau de l’environnement, est absent de votre plaquette. Et c’est à mon avis la dimension la plus importante.
Votre plaquette privilégie la « dimension locale ». À Lutte Ouvrière, nous comprenons les problèmes spécifiques des quartiers, voire des rues. Mais là encore, nous choisissons dans cette élection de dire que sur l’environnement aussi, la clé du problème, c’est de mettre en cause la propriété capitaliste des moyens de production.
Tous les autres candidats mettent en avant des projets de quartiers, des aménagements locaux, des mesures essentiellement symboliques, ça leur permet d’esquiver le problème essentiel, car ces candidats ne veulent pas mettre en accusation cette minorité capitaliste qui pousse le cynisme jusqu’à faire tous les jours de la publicité soi-disant « verte » (Engie, Total etc…), mais qui piétine tous les jours les intérêts des populations et ceux de la planète.
Tous les autres candidats parlent d’environnement comme s’il n’y avait pas eu l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen. Que s’est-il passé ? La population n’a été tenue au courant des dangers, ni avant, ni pendant, ni après. Et les patrons sont autorisés à se taire, et à cacher ce qu’ils veulent aux habitants, et l’État est complaisant.
À Calais, on a deux sites Seveso. Je ne dis pas qu’il y a actuellement danger, mais qui a vraiment confiance en la sécurité des sites ? Personne ne croit plus à la communication des patrons ni de l’État. La moindre des choses, ce serait que les travailleurs qui travaillent sur tous les sites polluants ou à risques, ,eux qui sont les mieux placés pour connaître les dangers, les manquements imposés par la direction, souvent pour économiser, puissent contrôler les moyens de sécurité, le stockage des matériaux, pour eux-mêmes et pour les habitants alentours, qui devraient aussi savoir. Il y a les patrons qui disent : « je fais ce que je veux dans MON usine », et il y a l’intérêt des salariés, et des habitants de l’autre qui veulent la sécurité et éviter des désastres sanitaires et écologiques.
On a eu l’exemple de Tioxyde : quand le groupe a décidé de placer son capital ailleurs en supprimant les emplois, il a laissé à la collectivité le soin de dépolluer le site. « Après moi le déluge ! »
Puis il y a l’exemple de la centrale de Gravelines. Ce qui est significatif, c’est la façon dont les habitants de Calais ont reçu il y a quelques mois des pastilles d’iode en cas d’incident nucléaire : la centrale était avant soi-disant sans danger pour Calais en cas d’incident nucléaire, puis d’un seul coup, si : Les décisions se prennent en toute opacité, entre le patronat et les hautes sphères de l’État.
Quant à la pollution de l’air, c’est pareil : la toxicité de l’air à Calais est due en grande de partie aux émanations des ferries. Jusqu’à ce qu’on les mette en cause, les patrons de ces compagnies n’ont fait aucune recherche d’une solution technique pour limiter la pollution. C’était : « je fais ce que je veux sur MES bateaux ». Voilà le problème : ceux qui possèdent imposent à la collectivité des risques pour la santé des habitants et des salariés.
Quand ils sont mis en cause, ces grands patrons, ont toujours la même réponse, le chantage : ou bien on continue à produire comme ça et nous devons accepter de continuer à nous empoisonner, nous et nos enfants ; ou bien on ne peut plus fonctionner, on ferme et vous vous retrouvez tous au chômage.
Eh bien nous, nous n’avons envie ni de mourir au travail, ni de vivre dans la pollution, ni d’être au chômage. Nous sommes pour maintenir l’emploi tout en continuant la production en respectant et la nature et la santé des travailleurs et des habitants ; et ce ne sera possible que quand les travailleurs arracheront à la grande bourgeoisie le contrôle des entreprises.
Là encore, le vote Lutte ouvrière permettra de dire clairement que c’est la seule façon de concilier activité économique et respect de la nature, ainsi que respect de la santé des humains.
Voilà mon programme pour les humains et pour l’environnement. Il ne pourra pas être mis en œuvre par une élection, il faudra l’imposer par les luttes. Mais cette élection permet de mettre le doigt sur les racines de la plupart des problèmes : l’irresponsabilité sociale et environnementale des capitalistes. À cet égard, je fais mien sans réserve le cri de révolte de la jeunesse qui manifeste : « changeons le système, pas le climat ».
Je vous adresse un chaleureux encouragement dans votre combat, et, malgré nos différences d’appréciation, je me réjouis que nous ayons en commun la volonté de changer le monde, pour que toutes et tous puissent vivre demain, ou après-demain, dans un monde débarrassé des fléaux qui menacent l’humanité et la planète dont nous sommes locataires.
Cordialement,
28 février 2020
Françoise Millot