Il est l’un des premiers territoires en Europe menacés par les risques liés au dérèglement climatique et la réponse de l’État au député du Pas-de-Calais qui l’interroge sur le financement du dispositif de rejet à la mer des eaux de ruissellement est vraiment plus que significative.
À travers sa ministre, qui ne connaît absolument pas le sujet et qui en parle de manière anecdotique, cette réponse reflète parfaitement ce qui nous attend. L’État qui devrait être le garant de l’intégrité de notre territoire a déjà anticipé son abandon à plus ou moins long terme en laissant ses habitants se débrouiller seuls face aux risques de submersion et d’inondation qui les menacent. On augmente leur taxe GEMAPI et pour lui l’affaire est réglée ! Seule la centrale dangereuse de Gravelines sera à préserver à tout prix et pour cela, on préférera sans doute laisser inonder l’arrière pays.
Le Calaisis ne doit pas hésiter à mettre clairement cette question à l’ordre du jour dans ses plans climats en réunissant tous les acteurs du territoire pour organiser et financer sa résilience : État, Région, Département, Institution Intercommunale des Wateringues et commission locale de l’eau.
La solution ne doit pas être que d’essayer de s’adapter en se voilant la face sur les vrais sujets. Pour sauver notre territoire il faudra sortir de l’agriculture intensive, stopper l’artificialisation des sols, les déboisements… inverser les tendances en recréant résolument des zones humides, en débétonnisant et débitumant les villes, en renaturant, en développant le système de Wateringues et ses capacités d’évacuation à la mer des eaux pluviales, en se donnant les capacités énergétiques locales et durables (biomasse, géothermie, solaire, hydraulique, et éolienne) pour assurer de manière autonome l’évacuation à la mer de ces eaux pluviales, en favorisant aussi le développement durable et soutenable du Calaisis et du Dunkerquois en dehors des zones à risque du polder pour soustraire aux risques les nouvelles populations et activités, en menant sans relâche une vraie pédagogie pour former, informer, impliquer les habitants et les amener à comprendre comment fonctionne le territoire sur lequel ils vivent, les enjeux du futur proche.
L’incapacité à faire évoluer le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux du Delta de l’Aa doit nous alerter aussi sur le peu d’empressement à mettre en œuvre de vraies mesures de protection. Les études ne suffiront pas et ce sont des actes qu’ils faut poser dès maintenant. L’inondation du parking Decathlon à Calais et d’autres encore, illustrent parfaitement les méfaits d’une artificialisation des sols à outrance, sans réflexion. Ce ne sont que des épiphénomènes de ce qui nous attend si on n’agit pas.
Les 4C demandent que ces questions soient exposées et misent clairement au débat public dans le cadre du Schéma Directeur d’Aménagement des Eaux du Delta de l’Aa, des plans climat du territoire et de l’ensemble des politiques publiques d’aménagement pour que des solutions financières et techniques solidaires et soutenables soient trouvées. Donnons donc au plus vite à notre territoire les moyens de sa survie !