Nous vivons dans une « société du risque »

Nous vivons dans une « société du risque » : biologique, environnemental, nucléaire, chimique, climatique, sanitaire. L’incendie qui a débuté à l’usine Interor à Calais, classée SEVESO, nous l’a encore prouvé cette semaine. Heureusement maîtrisé, le feu aurait pu avoir des conséquences bien plus graves en terme humain et environnemental, mais aussi sanitaire. A quels risques les salarié.e.s de l’usine ont-iels été exposé⋅e⋅s ? D’où vient l’appellation Seveso ? Un petit détour par l’histoire pour éclairer l’incident de mercredi :

Le 10 juillet 1976, un nuage d’herbicide s’échappe d’un réacteur de l’usine chimique La Roche-Givaudan, à proximité de la ville de Seveso en Italie. Aucun plan d’urgence n’étant élaboré face à ce genre de catastrophe, le personnel reprend le travail dès le lendemain, pour finalement se mettre en grève le 16, et ainsi causer la fermeture de l’usine le 18. Aucune alerte sanitaire n’est donnée avant le 23 juillet, date à laquelle le Centre de recherche médicale de Roche, à Bâle, donne l’alerte et déclare que la population doit être évacuée, les maisons détruites et l’usine enterrée. Les travaux de décontamination des sols ne commencent qu’en 1982. Suite à cette catastrophe, le terme « Seveso » devient une appellation ayant pour objectif d’identifier et de classer les sites de production à risques.

Et cette catastrophe ne fut que le commencement d’une longue série : la catastrophe nucléaire de Three Miles Island en Pennsylvanie en 1979, la catastrophe de l’usine de pesticides Bhopal en Inde en 1984, ou encore, l’explosion de la centrale nucléaire à Tchernobyl en Ukraine en 1986.

Tous ces accidents n’ont pour autant pas poussé les industriels à réfléchir à leurs modes de production. Au contraire, l’escalade vers la performance scientifique et technique, qui par ailleurs se targue souvent de pouvoir sauver la planète grâce aux nouvelles technologies, n’a cessé d’encourager des politiques économiques néolibérales, au profit d’entreprises plus soucieuses d’enrichir leurs actionnaires que de lutter contre le réchauffement climatique. Remettre en question notre mode de production, c’est remettre aussi en question notre manière de vivre ; l’usine Interor fabrique des produits pour l’agrochimie et l’industrie pharmaceutique… Des industries qui sont des plus mortifères pour l’environnement.

Par ailleurs, encore une fois, ce sont les populations les plus vulnérables qui sont touchées ; ces usines à hauts risques s’installent là où le foncier n’est pas cher. Ce n’est pas pour rien que la ville a « toléré » pendant un temps l’installation d’un bidonville à cet endroit de la ville, au lieu de proposer des conditions d’hébergement décentes. Par ailleurs, les émanations toxiques, elles, ne connaissent pas les frontières, et se diffusent comme bon leur semble.

À l’instar de la catastrophe de Lubrizol à Rouen, quelles garanties sanitaires nous donne-t-on ? La qualité de l’air à Calais est souvent médiocre, du fait de l’activité industrielle et portuaire. À défaut d’une industrie propre, quand notre société va-t-elle enfin stopper la contamination du monde ?

https://www.lavoixdunord.fr/655996/article/2019-10-23/calais-debut-d-incendie-maitrise-dans-l-usine-interor-classee-seveso

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Publiée par Citoyennes et Citoyens de Calais pour le Climat sur Jeudi 24 octobre 2019