Pollution de l’air MAXIMUM hier à Calais

Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en nombre de jours maximum d’exposition à l’ozone et aux particules PM10 et PM2,5, sont déjà dépassées à Calais pour l’année 2019 ! Quand est-ce que les autorités locales agiront-elles efficacement ? Quand prendront-elles leurs responsabilités pour annoncer des restrictions et les contrôles associés ?

Hier, l’air que l’on a respiré à Calais était très mauvais ! Atmo Hauts-de-France a attribué un indice de 10/10 (le maximum : « très mauvais ») à la qualité de l’air de la ville de Calais pour la journée du mardi 27 août. Cela n’était encore jamais arrivé ! Seul l’indice 9 a été attribué 4 fois depuis janvier 2019 : les journées du 30 mars, 7, 8 et 17 avril. Lundi en fin de journée, Atmo Hauts-de-France prévoyait seulement l’indice 8 pour ce mardi.

Plus précisément, voici les relevés d’hier des deux stations Berthelot et Parmentier :

  • pour l’ozone : jusqu’à 125 microgrammes par mètre cube d’air (µg/m³) en moyenne horaire pendant plus de 8 heures, avec un pic de 192,1 µg/m³ à 17h (Parmentier) ;
  • pour les particules en suspension PM10 : entre 84,0 et 89,8 µg/m³ en moyennes journalières, avec un pic de 130,8 µg/m³ à 15h ;
  • pour les particules en suspension PM2,5 : 62,5 µg/m³ en moyenne journalière, avec un pic de 82,9 µg/m³ à 14h (Berthelot).

Il est possible de comparer ces mesures avec la réglementation française datant de 2010 qui indique :

  • pour l’ozone : aucune valeur limite, mais une valeur cible pour la protection de la santé de l’Homme (hors végétation) de 120 µg/m³ en moyenne sur 8 heures glissantes ;
  • pour les particules PM10 : des valeurs limites de 50 µg/m³ en moyenne journalière à ne pas dépasser plus de 35 jours par an et de 40 µg/m³ en moyenne annuelle ;
  • pour les particules PM2,5 : une valeur limite de 25 µg/m³ en moyenne annuelle et une valeur cible de 20 µg/m³ en moyenne annuelle.

Il est aussi utile de comparer ces mesures avec les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui indique des niveaux d’exposition (concentration et durées), inférieurs à la réglementation française, au-dessous desquels il n’a pas été observé d’effets nuisibles sur la santé humaine (ou sur la végétation) :

  • pour l’ozone, 100 µg/m³ en moyenne sur 8 heures glissantes ;
  • pour les particules PM10 : 50 µg/m³ en moyenne journalière à ne pas dépasser plus de 3 jours par an ;
  • pour les particules PM2,5 : 25 µg/m³ en moyenne journalière à ne pas dépasser plus de 3 jours par an.

Ainsi, entre janvier et août 2019 (8 mois), ces recommandations de l’OMS ont été dépassées à Calais :

  • pour l’ozone : 9 jours, les journées du 13 avril, 23 mai, 25 juin, 11 et 25 juillet, 24, 25, 26 et 27 août ;
  • pour les particules PM10 : 24 jours, fin février, fin mars, 11 jours en avril, 2 jours en mai et juillet, puis ces 4 derniers jours ;
  • pour les particules PM2,5 : 30 jours, mi-janvier, mi-février et fin février, fin mars, 12 jours en avril, 2 jours en mai et juin, puis ces 4 derniers jours.

En comparaison, dans quelques villes de la région, en 2018, le nombre de jour dépassant ces seuils était encore plus élevé : https://www.lavoixdunord.fr/…/le-scandale-sanitaire-des-chi…

Plus généralement, toujours depuis janvier 2019, Atmo Hauts-de-France a attribué ces indices à la qualité de l’air de Calais :

  • 1 (très bonne) : 0 jours,
  • 2 (très bonne/bonne) : 0 jours,
  • 3 (bonne) : 66 jours,
  • 4 (bonne/moyenne) : 113 jours,
  • 5 (moyenne) : 20 jours,
  • 6 (médiocre) : 11 jours,
  • 7 (médiocre/mauvaise) : 7 jours,
  • 8 (mauvaise) : 16 jours,
  • 9 (mauvaise/très mauvaise) : 5 jours,
  • 10 (très mauvaise) : hier, mardi 27 août.

Soit une qualité de l’air bonne pendant deux mois, bonne à moyenne pendant quatre mois, et moyenne à très mauvaise pendant deux autres mois.

Maintenant que l’indice maximum 10/10 est atteint, que se passera t-il quand la pollution de l’air sera pire encore ? Quel indicateur permettra à la population de mesurer la gravité de la situation ? L’association Atmo Hauts-de-France devra t-elle prolonger un jour l’indice jusqu’à 11, 12 ou 13… sur 10 ?

Concernant les causes, elles sont connues. L’ozone résulte d’une réaction chimique, sous l’influence des conditions atmosphériques, impliquant des polluants issus de l’automobile, du transport maritime et plus généralement de la combustion des énergies fossiles, essentiellement les oxydes d’azote. Les particules fines proviennent de la transformation d’énergie par l’industrie, la combustion de bois pour chauffer les habitations, l’agriculture avec l’utilisation d’engrais et les transports, du fait notamment de la combustion de diesel.

En conséquence, quelles ont été les réponses apportées depuis le début de ce dernier épisode de pollution samedi dernier ?

L’Agence Régionale de Santé a recommandé :

  • aux personnes sensibles de limiter leurs déplacements et leurs activités physiques, intense seulement ;
  • à la population en générale ne pas modifier de ses activités habituelles, comme si il n’y avait pas de problème.

Source : https://atmo-hdf.fr/images/alertes_pdf/190827_NAP_O3_PM.pdf

La préfecture du Pas-de-Calais a publié puis prorogé l’arrêté annonçant :

  • la réduction de vitesse des véhicules à moteur sur les routes et autoroutes ;
  • les mesures de premier niveau d’alerte par les établissements avec Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (susceptible de créer des risques ou de provoquer des pollutions ou nuisances) ;
  • l’interdiction total du brûlage de déchets végétaux ;

Elle a également recommandé d’utiliser les moyens de transport les moins polluants, tels que la mobilité « active » (vélo, marche…), les transports en commun, le covoiturage ou à défaut de réduire sa vitesse de circulation. http://www.pas-de-calais.gouv.fr/…/…/pollution-atmospherique

De son côté, la ville de Calais a fait en sorte d’éviter les mots « pollution » et « mobilité active », mais aussi les annonces de réduction de vitesse des automobiles et les recommandations aux personnes fragiles :

  • Aucun communiqué sur le site web dans la rubrique prévues à cet effet https://www.calais.fr/…/la-mairie/vie-…/rapports/communiques ;
  • Une seule notification sur l’application Calais Connect’ datée de lundi à 18h, évitant scrupuleusement d’évoquer la pollution de l’air : « En raison de la persistance des conditions atmosphériques, la gratuité du réseau de transport urbain du SITAC est reconduite ce 27 août 2019. » ;
  • Deux publications Facebook à propos de la gratuité des transports sur le réseau urbain (et la Majest’in !), dimanche 25 août à 19h43 et lundi 26 août à 18h08, en évitant, là encore, de faire l’erreur de la veille de mentionner la « pollution ». À noter, une troisième publication mardi à 11h20, lors de la pire journée de pollution de l’air : « Encore une belle journée se profile à Calais ! Sable chaud, pieds dans l’eau… l’idéal pour ces derniers jours de vacances 💦☀ », sans aucun message de prévention concernant les personnes fragiles. La plage, définitivement le meilleur endroit pour profiter du nuage d’ozone et respirer une bonne dose de particules fines, d’après l’édition du jour de Nord Littoral (cf photo ci-dessous) !

Pour quel résultat ? Le quatrième jour, la pollution de l’air n’a jamais été aussi élevée à Calais ! À quel moment se rendra t-on compte que d’annoncer une réduction de la vitesse des automobiles et de rendre gratuit les transports en communs ne sont absolument pas suffisants pour réduire cette pollution de l’air qui fait 18 décès prématurés par jour, soit 4 600 par an, dans les Hauts-de-France ?

Dans l’édition du jour, Nord Littoral publie un tiers de page, pas sur la une évidemment, pour détailler l’origine, le comportement et les effets de l’ozone, mais s’emmêle dans les chiffres et les niveaux (cf capture ci-dessous). Dans la règlementation française, le niveau d’alerte est à 240 µg/m³ en moyenne horaire pour l’ozone et 80 µg/m³ en moyenne journalière pour les PM10. Les chiffres indiquées sont ceux du niveau d’information et du niveau d’alerte sur persistance, si la persistance est prévue le lendemain. Dans cet encart, il semble être considéré comme négligeable que la qualité de l’air soit prévue encore « médiocre » aujourd’hui.

Finalement, qui s’intéresse vraiment à la pollution de l’air ? Qui les alertes inquiète t-elles ? Qui fait l’effort de s’informer sur le sujet ? Qui vous en a parlé ces quatre derniers jours ? Vu le nombre de personnes suffisamment réjouies par le seul « sable chaud » de la plage, pas grand monde apparemment.

Pour information, afin d’avoir une idée plus précise des zones les plus régulièrement polluées dans l’agglomération de Calais, vous pouvez aussi découvrir les cartographies de prévision de l’application urban air : https://atmo-hdf.fr/urbanair_calais/

Sources des données, informations et représentations graphiques :

Rappel, il vous est proposé une rencontre citoyenne « climat » jeudi entre 18h et 20h, au Parc Saint-Pierre.

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⚠️ 🌫 💀 Pollution de l’air MAXIMUM hier à Calais 😡Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en…

Publiée par Citoyennes et Citoyens de Calais pour le Climat sur Mercredi 28 août 2019